14/05/2025 - Politiques de la vie associative
Dans le contexte budgétaire actuel, Le Mouvement associatif, le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) et Hexopée ont mandaté l’Observatoire Régional de la Vie Associative (ORVA) des Hauts-de-France pour réaliser une étude visant à évaluer l’impact des baisses de financement annoncées sur le secteur associatif.
Cette enquête, menée en mars 2025, a recueilli près de 5 557 témoignages de dirigeants associatifs, constituant un échantillon national représentatif d’associations de toutes tailles, tous secteurs d’activités et toutes régions. En voici les principaux résultats et enseignements. Cette enquête s'inscrit dans la continuité de la tribune "Ça ne tient plus" signée par de nombreux acteurs associatifs de la région Hauts-de-France le 24 mars dernier.
En Hauts-de-France, plus de 527 acteurs ont participé à cette grande enquête.
UNE TRÉSORERIE À RUDE ÉPREUVE
Près d’un tiers des associations employeuses (31 %) disposent d’une trésorerie inférieure à trois mois, les rendant particulièrement vulnérables. Plus de la moitié signalent des problèmes de trésorerie (23 % de manière récurrente, 31 % de manière ponctuelle), et 69 % des associations employeuses déclarent que le montant de leurs fonds propres en mars 2025 est fragile ou nul.
Pour répondre à ces problématiques, beaucoup d’associations demeurent sans solution (38 % des employeuses) tandis que d’autres cherchent des solutions par la négociation (68 %) ou se tournent vers des emprunts bancaires (35 %). Ces données illustrent la mise sous tension des budgets associatifs, notamment en raison des décalages budgétaires, et soulignent la grande vulnérabilité économique des associations.
DES FINANCEMENTS INCERTAINS OU À LA BAISSE
Alors que près de la moitié des renouvellements de subvention n’ont pas encore abouti, 5 % des demandes ont d’ores et déjà été refusées. Parmi les subventions attribuées, 25 % sont en légère baisse et 20 % en forte baisse. Cette diminution des financements concerne l’ensemble des bailleurs : État, collectivités et financeurs privés (fondations et entreprises).
DES CONSÉQUENCES DÉLÉTÈRES SUR LES ACTIVITÉS
La conjoncture oblige les associations à réduire leurs activités :
- 28 % des associations déclarent diminuer leurs activités ;
- 22 % des associations non employeuses vont jusqu’à annuler certaines de leurs actions, preuve que la crise impacte également celles fonctionnant majoritairement grâce au bénévolat ;
- Près de 15 % des associations augmentent la participation financière de leurs usagers, alors que le modèle associatif vise à rester accessible à tous, y compris aux publics non solvables.
UN RÉEL IMPACT SUR L’EMPLOI ASSOCIATIF
Pour les structures employeuses, le principal levier d’ajustement reste la réduction des dépenses en ressources humaines :
- 18 % ne remplacent pas les départs de salarié·e·s ;
- 16 % annulent ou retardent leurs recrutements ;
- 8 % mettent en place un plan de sauvegarde de l’emploi ou procèdent à des licenciements économiques ;
- 7 % ne remplacent pas les départs temporaires.
Seul un quart des associations excluent, pour l’instant, toute réduction de leur masse salariale. Pourtant, le secteur associatif représente 1,8 million de salarié·e·s répartis dans 144 000 structures !
UN APPEL À DES MESURES FORTES
S’appuyant sur ces données, Le Mouvement associatif, Hexopée et le Réseau National des Maisons des Associations appellent à 7 mesures fortes de soutien aux associations pour leur permettre de faire face à la situation :
- Simplifier les démarches bancaires des associations avec des outils adaptés à leurs modèles
- Renforcer les acteurs de l’accompagnement (DLA, Guid’Asso), particulièrement en situation de procédure collective (Prev’Asso)
- Fournir des données précises sur les baisses de financement au monde associatif dans les collectivités territoriales
- Donner davantage de visibilité financière aux associations :
- Sortir des logiques de commande publique quand ce n’est pas nécessaire,
- Accorder des subventions de fonctionnement,
- Privilégier la pluri-annualité pour pérenniser les emplois,
- Respecter le délai de versement des subventions (60 jours).
- Développer les outils d’une gouvernance mixte du financement des associations à l’échelle nationale et locale
- Renforcer les financements pour le monde associatif dans le prochain projet de loi de finances, notamment via le FDVA (en augmentant la part des comptes bancaires inactifs à 60 %)
- Adopter une fiscalité plus favorable :
- Supprimer la taxe sur les salaires pour renforcer l’emploi,
- Permettre des crédits d’impôts pour les dons et les frais engagés par les bénévoles,
- Extraire les associations de la réforme de la TVA (abaissement du seuil de franchise à venir au 1er juin).